Précarité menstruelle en Côte d'Ivoire : Quelle réalité à Abidjan ?
L’Organisation des Citoyennes pour la Promotion et Défense des Droits des Enfants, Femmes et Minorités (CPDEFM), a, dans le cadre de l’implantation de son Programme Gender and GBV Studies Laboratory (GSL), avec le soutien financier de la Fondation de l'innovation pour la démocratie, réalisé une enquête inédite sur la précarité menstruelle dans le grand Abidjan (13 Communes) ; une première en effet en Côte d’Ivoire.
De cette étude réalisée avec un échantillon de 2927 personnes dont 90% de femmes et 10% d'hommes, il en ressort les principaux résultats suivants :
1- La précarité menstruelle est une réalité en Côte d’Ivoire, principalement à Abidjan et les femmes n’ayant pas de revenus mensuels en sont les plus exposées à 44,48%, de même que les filles et adolescentes, ne percevant pas d’argent de poche ;
2- Les femmes, filles et jeunes filles menstruées sont 15,71% à accéder difficilement aux protections (dessous jetables) durant leur période menstruelle ;
3- Elles sont 55% qui ont recours aux protections alternatives comme les morceaux de pagnes communément appelés «Kodjo» (parce que plus accessibles, presque gratuit et ayant une valeur traditionnelle), contre 43% qui utilisent parfois, les couches de bébé, papiers toilettes, essuie-tout, durant leurs règles ;
4- Les filles de la tranche d’âge de 11 à 14 ans en sont des plus exposées, parce que plus nombreuses soit 60%, à recourir aux protections non adaptées voire dangereuses pour la santé génitale, comme entre autres les chiffons (mousses) comme dessous lors de leur menstruation ;
5- 32% des interrogées affirment avoir déjà contracté une infection génitale du fait de toilettes publiques insalubres ; un phénomène beaucoup observé dans les établissements primaires et secondaires publics ;
6- Les règles douloureuses, sont aussi une réalité pour 25% de femmes et de jeunes filles menstruées, causant parfois l’absentéisme aux cours comme au travail ;
7- Les femmes Mandés nord, sont des plus exposées à la stigmatisation liée aux menstrues, à 66,41%. Le sentiment de honte et d’isolement social sont des plus ressentis ;
8- Concernant la perception des hommes sur les menstrues, si 100% des interrogés trouvent les règles naturelles chez une femme (source de vie et de fécondité), ils sont 67% de musulmans, contre 30% de chrétiens, à les trouver sales et impures ;
9- Quant à l’implication ou non, des pouvoirs publics dans la gestion menstruelle, elle a été qualifiée de « pas du tout », par 67% de la population abidjanaise interrogée, toutes tendances confondues. Laquelle approuve par ailleurs à 100%, la distribution gratuite des protections menstruelles et réduction des coûts de ces protections, par l’Etat de Côte d’Ivoire.
Une série de recommandations a ainsi été formulée à différents niveaux, en vue de l'éradication de ce fléau.
Téléchargez le rapport ici : Rapport enquete sur la precarite menstruelle en cote d ivoire cas du district d abidjan 1 (5.64 Mo)
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